léo ferré - à celui de 14 à celui de 39
Ã? celui de 14 à celui de 39
Et puis de l'an 40
Ã? celui du Chili à ceux de l'Algérie
Aux Juifs déracinés qui fuient la Palestine
Ã? ces Palestiniens comme un arbre coupé
Vingt ans déjà petit la mer toujours revient
De plus loin que là-bas les oiseaux blancs dévorent
Ce qu'il reste de suc à l'azur quotidien
Tu pars demain levant tes bras de sémaphore
Tu pars soumis défait boutonné de métal
Ta maman au poignet battant le pouls du diable
Tu as dit au revoir aux grèves syndicales
Aux copains au ciné aux filles charitables
Tu sais que l'homme pousse et qu'il faut le couper
Quand il est encore vert dans le lit des délices
Comme on coupe les plombs de l'électricité
De peur que dans la nuit vos Soleils n'y complicent
La loi donnera des morts et du café
léo ferré - à mon enterrement
A mon enterrement j'aurai des cheveux blancsDes dingues et des Pop aux sabots de guitareDes cheveux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeuxHennissant des chansons de nuit quand y'en a marreJ'aurai des mômes de passe, ceux que j'ai pas finisDes filles de douze ans qui gonflent sous l'outrageDes Chinoises des Russes des Nordiques rempliesDes rues décapitées par des girls de passageA mon enterrementEt je ferai l'amour avec le croque-mortAvec sa tête d'ange et ses dix-huit automnesDouze pour la vertu et six mourant au portQuand son navire mouillera comme un aumôneA mon enterrement j'aurai un cÅ?ur de ferEt me suivrai tout seul sur le dernier bitumeLâchant mon ombre enfin pour me mettre en enferDans le dernier taxi tapinant dans la brumeA mon enterrementComme un pendu tout sec perforé de corbeauxA mon enterrement je gueulerai quand mêmeJ'aurai l'ordinateur facile avec les motsDes cartes perforées me perforant le thèmeJe mettrai en chanson la tristesse du ventQuand il vient s'affaler sur la gueule des pierresLa nausée de la mer quand revient le jusantEt qu'il faut de nouveau descendre et puis se taireA mon enterrementA mon enterrement je ne veux que des mortsDes rossignols sans voix des chagrins littérairesDes peintres sans couleurs des acteurs sans décorDes silences sans bruits des soleils sans lumièreJe veux du noir partout à me crever les yeuxEt n'avoir jamais plus qu'une idée de voyanceSous l'Å?il indifférent du regard le plus creuxDans la dernière métaphore de l'offenseA mon enterrement
léo ferré - allende
Ne plus écrire enfin attendre le signalCelui qui sonnera doublé de mille octavesQuand passeront au vert les morales suavesQuand le Bien peignera la crinière du MalQuand les bêtes sauront qu'on les met dans des platsQuand les femmes mettront leur sang à la fenêtreEt hissant leur calice à hauteur de leur maîtreQuand elles diront: "Bois en mémoire de moi"Quand les oiseaux septembre iront chasser les consQuand les mecs cravatés respireront quand mêmeEt qu'il se chantera dedans les hachélèmesLa messe du granit sur un autel bétonQuand les voteurs votant se mettront tous d'accordSur une idée sur rien pour que l'horreur se taiseMême si pour la rime on sort la MarseillaiseAvec un foulard rouge et des gants de chez DiorAlors nous irons réveillerAllende Allende Allende AllendeQuand il y aura des mots plus forts que les canonsCeux qui tonnent déjà dans nos mémoires brèvesQuand les tyrans tireurs tireront sur nos rêvesParce que de nos rêves lèvera la moissonQuand les tueurs gagés crèveront dans la soieQu'ils soient Président ci ou Général de çaQuand les voix socialistes chanteront leur partieEn mesure et partant vers d'autres galaxiesQuand les amants cassés se casseront vraimentVers l'ailleurs d'autre part enfin et puis commentQuand la fureur de vivre aura battu son tempsQuand l'hiver de travers se croira au printempsQuand de ce Capital qu'on prend toujours pour MarxOn ne parlera plus que pour l'honneur du titreQuand le Pape prendra ses évêques à la mitreEn leur disant: "Porno latin ou non je taxe"Quand la rumeur du temps cessera pour de bonQuand le bleu relatif de la mer pâliraQuand le temps relatif aussi s'évaderaDe cette équation triste où le tiennent des consQu'ils soient mathématiques avec Nobel ou nonC'est alors c'est alors que nous réveilleronsAllende Allende Allende Allende...
léo ferré - avec le temps
Avec le temps
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix
Le coeur quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et
c'est très bien
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la
pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Mêm' les plus chouett's souv'nirs ça t'a un' de ces gueules
A la Gal'rie j'Farfouille dans les rayons d'la mort
Le samedi soir quand la tendresse
s'en va tout' seule
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre à qui l'on croyait, pour un rhume, pour un rien
L'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
Pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
Devant quoi l'on s'trainait comme trainent les chiens
Avec le temps, va, tout va bien
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prend pas froid
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment
Avec le temps on n'aime plus.
léo ferré - beau saxo
T'es comme un rossignolA la voix d'goélandQui chante au music-hallQui fait danser les gensT'es comme un baratinQui cause en mi bémolT'es comme un' vieil' putainQui mont' qu'à l'entresolBeau saxoBeau saxoT'es comme un arc-en-cielSur l'harmonie du soirT'es comme un maîtr' d'hôtelQui joue en blanc et noirT'es comme un sopranoQu'aurait vendu CallasEt chant'rait comme un potLe prologue de PaillasseBeau saxoBeau saxoT'es qu'un' chanson d'la nuitQui s'étire et qui rampeQuand l'amour s'est blottiAu fond d'un verr' de champT'es qu'un hautbois d'la grippeQu'a sa flûte en vitrineEt quand tu fais la lippeT'es l'violon d'ChaliapineBeau saxoBeau saxoT'es comme un' maladieQu'on piqu'rait au boxonEt qu'on gard' tout' la vieComme un' décorationVous êtes comm' les gitansVous les saxos, mes frères,Vous cavalez tout l'tempsSur l'octave des misèresBeaux saxosBeaux saxos...
léo ferré - blues
On veille on pense à tout à rienOn écrit des vers de la proseOn doit trafiquer quelque choseEn attendant le jour qui vientLa brume quand point le matinRetire aux vitres son haleineIl en fut ainsi quand VerlaineIci doucement s'est éteintPlusieurs sont morts plusieurs vivantsOn n'a pas tous les mêmes cartesAvant l'autre il faut que je parteEux sortis je restais rêvantTout le monde n'est pas CézanneNous nous contenterons de peuL'on pleure et l'on rit comme on peutDans cet univers de tisanesJeune homme qu'est-ce que tu crainsTu vieilliras vaille que vailleDisait l'ombre sur la muraillePeinte par un Breughel forainOn veille on pense à tout à rienOn écrit des vers de la proseOn doit trafiquer quelque choseEn attendant le jour qui vientOn veille on pense à tout à rienOn écrit des vers de la proseOn doit trafiquer quelque choseEn attendant le jour qui vient...
léo ferré - c est extra
Une robe de cuir comme un fuseauQu'aurait du chien sans l'faire exprèsEt dedans comme un matelotUne fille qui tangue un air anglaisC'est extraUn moody blues qui chante la nuitComme un satin de blanc d'mariéEt dans le port de cette nuitUne fille qui tangue et vient mouillerC'est extra c'est extraC'est extra c'est extraDes cheveux qui tombent comme le soirEt d'la musique en bas des reinsCe jazz qui d'jazze dans le noirEt ce mal qui nous fait du bienC'est extraCes mains qui jouent de l'arc-en-cielSur la guitare de la vieEt puis ces cris qui montent au cielComme une cigarette qui brilleC'est extra c'est extraC'est extra c'est extraCes bas qui tiennent hauts perchésComme les cordes d'un violonEt cette chair que vient troublerL'archet qui coule ma chansonC'est extraEt sous le voile à peine closCette touffe de noir jésusQui ruisselle dans son berceauComme un nageur qu'on attend plusC'est extra c'est extraC'est extra c'est extraUne robe de cuir comme un oubliQu'aurait du chien sans l'faire exprèsEt dedans comme un matin grisUne fille qui tangue et qui se taitC'est extraLes moody blues qui s'en balancentCet ampli qui n'veut plus rien direEt dans la musique du silenceUne fille qui tangue et vient mourirC'est extraC'est extraC'est extraC'est extra
léo ferré - c est le printemps
y a la natur' qu'est tout en sueur
dans les hectar's y a du bonheur
c'est l'printemps
y a des lilas qu'ont mêm' plus l'temps
de s'fair' tout mauv's ou bien tout blancs
c'est l'printemps
y a du blé qui s'fait du mouron
les oiseaux eux ils dis'nt pas non
c'est l'printemps
y a nos chagrins qu'ont des couleurs
y a mêm' du printemps chez l'malheur
y a la mer qui s'prend pour Monet
ou pour Gauguin ou pour Manet
c'est l'printemps
y a des nuag's qui n'ont plus d'quoi
on dirait d'la barbe à papa
c'est l'printemps
y a l'vent du nord qu'a pris l'accent
avec Mistral il pass' son temps
c'est l'printemps
y a la pluie qu'est passée chez Dior
pour s'payer l'modèl' Soleil d'Or
y a la route qui s'fait nationale
et des fourmis qui s'font la malle
c'est l'printemps
y a d'la luzerne au fond des lits
et puis l'faucheur qui lui sourit
c'est l'printemps
y a des souris qui s'font les dents
sur les matous par conséquent
c'est l'printemps
y a des voix d'or dans un seul cri
c'est la Sixtin' qui sort la nuit...
y a la natur' qui s'tape un bol
à la santé du rossignol
c'est l'printemps
y a l'beaujolais qui la ramène
et Mimi qui s'prend pour Carmen
c'est l'printemps
y a l'îl' Saint-Louis qui rentre en Seine
et puis Paris qui s'y promène
c'est l'printemps
y a l'été qui s'point' dans la rue
et des ballots qui n'ont pas vu
Qu'c'était l'printemps...
léo ferré - cette blessure
Cette blessureOù meurt la mer comme un chagrin de chairOù va la vie germer dans le désertQui fait de sang la blancheur des berceauxQui se referme au marbre du tombeauCette blessure d'où je viensCette blessureOù va ma lèvre à l'aube de l'amourOù bat ta fièvre un peu comme un tambourD'où part ta vigne en y pressant des doigtsD'où vient le cri le même chaque foisCette blessure d'où tu viensCette blessureQui se referme à l'orée de l'ennuiComme une cicatrice de la nuitEt qui n'en finit pas de se rouvrirSous des larmes qu'affile le désirCette blessureComme un soleil sur la mélancolieComme un jardin qu'on n'ouvre que la nuitComme un parfum qui traîne à la maréeComme un sourire sur ma destinéeCette blessure d'où je viensCette blessureDrapée de soie sous son triangle noirOù vont des géomètres de hasardBâtir de rien des chagrins assistésEn y creusant parfois pour le péchéCette blessure d'où tu viensCette blessureQu'on voudrait coudre au milieu du désirComme une couture sur le plaisirQu'on voudrait voir se fermer à jamaisComme une porte ouverte sur la mortCette blessure dont je meurs
léo ferré - comme à ostende
On voyait les chevaux d'la merQui fonçaient la têt' la premièreEt qui fracassaient leur crinièreDevant le casino désertLa barmaid avait dix-huit ansEt moi qui suis vieux comm' l'hiverAu lieu d'me noyer dans un verr'Je m'suis baladé dans l'printempsDe ses yeux taillés en amandeNi gris ni verts, ni gris ni vertsComme à Ostende et comm' partoutQuand sur la ville tombe la pluieEt qu'on s'demande si c'est utileEt puis surtout si ça vaut l'coupSi ça vaut l'coup d'vivre sa vieJ'suis parti vers ma destinéeMais voilà qu'une odeur de bièreDe frites et de moul's marinièresM'attir' dans un estaminetLà y avait des typ's qui buvaientDes rigolos des tout rougeaudsQui s'esclaffaient qui parlaient hautEt la bière on vous la servaitBien avant qu'on en redemandeOui ça pleuvait, oui ça pleuvaitComme à Ostende et comm' partoutQuand sur la ville tombe la pluieEt qu'on s'demande si c'est utileEt puis surtout si ça vaut l'coupSi ça vaut l'coup d'vivre sa vieOn est allé, bras d'ssus, bras d'ssousDans l'quartier où y a des vitrinesRemplies de présenc's fémininesQu'on veut s'payer quand on est sôulMais voilà que tout au bout d'la rueEst arrivé un limonair'Avec un vieil air du tonnerr'A vous fair' chialer tant et plusSi bien que tous les gars d'la bandeSe sont perdus, se sont perdusComme à Ostende et comm' partoutQuand sur la ville tombe la pluieEt qu'on s'demande si c'est utileEt puis surtout si ça vaut l'coupSi ça vaut l'coup d'vivre sa vie
léo ferré - de toutes les couleurs
De toutes les couleursDu vert si tu préfèresPour aller dans ta vie quand ta vie désespèrePour t'enfuir loin du bruit quand le bruit exagèreEt qu'il met un champ d'ombre au bout de ton soleilQuand les parfums jaloux de ton odeur profondeS'arrangent pour lancer leurs signaux à la rondeEt dire que les bois vertueux de l'automneSont priés de descendre et de faire l'aumôneDe leur chagrin mis en pilule et en sommeilDe toutes les couleursDu bleu dans les discoursEt dans les super ciels qu'on voit du fond des coursAvec des yeux super et quand on voit l'AmourLisser ses ailes d'ange et plier sous l'orageQuand les gens dérangés par la moisson du rêveS'inquiètent de savoir comment les idées lèventEt comment l'on pourrait peut-être leur couperLes ailes et la vertu dans le bleu de l'étéQuand naissent les idées avec la fleur de l'âgeDe toutes les couleursDu jaune à l'étalageEt dans la déraison quand Vincent la partageQuand la vitrine du malheur tourne la pageComme tournent les sols devant la VéritéDu jaune dans le vent quand le pollen pelucheA l'heure exacte et fait danser le rock aux ruchesQuand une abeille a mis son quartz à l'heure-mielQuand le festin malin semble venir du cielPour rire jaune enfin dans le supermarchéDe toutes les couleursDu rouge où que tu aillesLe rouge de l'Amour quand l'Amour s'encanailleAu bord de la folie dans la soie ou la pailleQuand il ne reste d'un instant que l'éternelQuand grimpe dans ton ventre une bête superbeLa bave aux dents et le reste comme une gerbeEt qui s'épanouit comme de l'Autre mondeA raconter plus tard l'éternelle secondeQui rien finit jamais de couler dans le cielDe toutes les couleursDu noir comme un habitDu noir pour ton amour du noir pour tes amisAvec un peu de rêve au bout en noir aussiEt puis teindre du rouge au noir les thermidorsQuand Dieu boira le coup avec tous tes copainsQuand les Maîtres n'auront plus qu'un bout de sapinQuand ils auront appris à se tenir deboutAvant de se coucher pour tirer quelques coupsEt sans doute les quat'cents coups avec la mort
léo ferré - elle tourne la terre
Ell' tourne et se nomme la terreEll' tourne et se fout d'nos misèresEll' tourne un' java chimériqueEll' tourne et c'est drôl' cette musiqueTu peux tourner moi j'm'en balanceC'est l'hirondell' qui fait l'printempsEn Amérique ou bien en FranceL'amour ça peut s'faire en tournantLe Bon Dieu s'marr' dans son coinC'est c'qu'on nomm' le destinPourtant les fleurs sont si joliesQu'on en f'rait des foliesTant que peut tourner la vieEll' tourne et se nomme la terreEll' tourne avec ses millionairesEll' tourne et ses yeux sont les nôtresEll' tourne et ses larmes sont les vôtresTu peux tourner moi j'm'en balanceLes amants se font au printempsD'un brin d'lilas d'une romanceL'bonheur ça peut s'faire en tournantY a quelquefois l'désespoirQu'on rencontr' dans un squar'Pourtant les filles sont si joliesQu'les gars font des foliesTant que peut tourner la vieEll' tourne et se nomme la terreEll' tourne et se fout des frontièresEll' tourne et l'soleil se fout d'elleEll' tourne pauvr' toupie sans ficelleTu peux tourner moi j'm'en balanceTu ramèn'ras toujours l'printempsTu peux tourner car j'ai ma chanceVas-y la terre moi j'ai tout l'tempsY a quelquefois des hasardsQu'ont l'air de nous avoirPourtant tu fais bien des manièresEt même tu exagèresEssaie donc la marche arrière
léo ferré - elsa
Suffit-il donc que tu paraissesDe l'air qui te fait rattachantTes cheveux ce geste touchantQue je renaisse et reconnaisseUn monde habité par le chantElsa mon amour ma jeunesseO forte et douce comme un vinPareille au soleil des fenêtresTu me rends la caresse d'êtreTu me rends la soif et la faimDe vivre encore et de connaîtreNotre histoire jusqu'à la finC'est miracle que d'être ensembleQue la lumiere sur ta joueQu'autour de toi le vent se joueToujours si je te vois je trembleComme à son premier rendez-vousUn jeune homme qui me ressemblePour la première fois ta bouchePour la première fois ta voixD'une aile à la cime des boisL'arbre frémit jusqu'à la soucheC'est toujours la première foisQuand ta robe en passant me toucheMa vie en vérité commenceLe jour où je t'ai rencontréeToi dont les bras ont su barrerSa route atroce à ma démenceEt qui m'as montré la contréQue la bonté seule ensemenceTu vins au cÅ?ur du désarroiPour chasser les mauvaises fièvresEt j'ai flambé comme un genièvreA la Noël entre tes doigtsJe suis né vraiment de ta lèvreMa vie est à partir de toiSuffit-il donc que tu paraissesDe l'air qui te fait rattachantTes cheveux ce geste touchantQue je renaisse et reconnaisseUn monde habité par le chantElsa mon amour ma jeunesse
léo ferré - est ce ainsi que les hommes vivent
Tout est affaire de décorChanger de lit changer de corpsA quoi bon puisque c'est encoreMoi qui moi-même me trahisMoi qui me traîne et m'éparpilleEt mon ombre se déshabilleDans les bras semblables des fillesOù j'ai cru trouver un pays.CÅ?ur léger cÅ?ur changeant cÅ?ur lourdLe temps de rêver est bien courtQue faut-il faire de mes joursQue faut-il faire de mes nuitsJe n'avais amour ni demeureNulle part où je vive ou meureJe passais comme la rumeurJe m'endormais comme le bruit.Est-ce ainsi que les hommes viventEt leurs baisers au loin les suivent.C'était un temps déraisonnableOn avait mis les morts à tableOn faisait des châteaux de sableOn prenait les loups pour des chiensTout changeait de pôle et d'épauleLa pièce était-elle ou non drôleMoi si j'y tenais mal mon rôleC'était de n'y comprendre rienDans le quartier HohenzollernEntre la Sarre et les casernesComme les fleurs de la luzerneFleurissaient les seins de LolaElle avait un cÅ?ur d'hirondelleSur le canapé du bordelJe venais m'allonger près d'elleDans les hoquets du pianola.Est-ce ainsi que les hommes viventEt leurs baisers au loin les suivent.Le ciel était gris de nuagesIl y volait des oies sauvagesQui criaient la mort au passageAu-dessus des maisons des quaisJe les voyais par la fenêtreLeur chant triste entrait dans mon êtreEt je croyais y reconnaîtreDu Rainer Maria Rilke.Elle était brune elle était blancheSes cheveux tombaient sur ses hanchesEt la semaine et le dimancheElle ouvrait à tous ses bras nusElle avait des yeux de faïenceElle travaillait avec vaillancePour un artilleur de MayenceQui n'en est jamais revenu.Est-ce ainsi que les hommes viventEt leurs baisers au loin les suivent.Il est d'autres soldats en villeEt la nuit montent les civilsRemets du rimmel à tes cilsLola qui t'en iras bientôtEncore un verre de liqueurCe fut en avril à cinq heuresAu petit jour que dans ton cÅ?urUn dragon plongea son couteauEst-ce ainsi que les hommes viventEt leurs baisers au loin les suivent.