le jongleur

Charles Trénet

Un jongleur qui jonglaitAvec fleurs et maillets,Un jongleur qui jonglait avec des cÅ?ursNe savait qu'il y avaitUne belle fille qui l'aimait,Ne vivant jour et nuitQue pour lui.Tous les soirs, au premier rang,Dans l'petit café chantant,Elle venait le cÅ?ur battant, attendantQue paraisse dans son décor,Dans son costume bordé d'or,Celui dont elle aimait l'âme et le corps.Le jongleur s'aperçutDe la chose et reçutLa belle fille en folieDans son lit.Aujourd'hui, au fond d'une prison,La belle fille, Jeannette ou Suzon,Se souvient de son tendre amiEt du crime qu'elle a commis.Chaque soir,Sur le mur noirElle croit voirLe cÅ?ur percé d'un poignard.Le jongleur qui souritEt qui jongle toute la nuit,Le jongleur qui jonglait avec son cÅ?ur,Il avait pourtant ditQu'il aimait pour la vieMais ces mots qu'il disait,Il jonglait.Il disait : "Nous s'rons heureux.Nous vivrons seuls tous les deux.Il n'y aura pas d'plus gentils amoureux."Mais hélas, toutes ces histoiresF'saient partie d'son répertoireEt Suzon avait eu bien tort d'y croire.Une belle fille qui pleurait,Qui perdait la raison,Un jongleur gui jonglait en prison.C'est ainsi que finitLa chansonDu jongleur qui jonglaitAvec ses cÅ?urs.